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LES HABITANTS DU QUARTIER

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Les habitants du Quartier: Citation

RETOURS D'AUTRICES ET D'AUTEURS

Les habitants du Quartier: Témoignages
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"(...) j’ai lu les commentaires du comité, qui m’ont bien stimulée ! Même les reproches qu’on fait à la pièce ressemblent à ceux que je me fais à moi-même, alors je ne peux qu’être d’accord ! Si j’aspire à la bienveillance, je déteste la gentillesse, et je cherche encore constamment à tendre le fil de l’une sans basculer dans l’autre. Ça doit passer par la franchise, je crois – ce qui est dur c’est que la franchise est parfois périlleuse, elle peut mener à un certain isolement. Mais bon, ça prend du péril pour se sentir vivant, alors j’y travaille. (En même temps, la franchise complaisante flirte avec la provocation, et ça, ça m’intéresse beaucoup moins, je trouve souvent la provocation paresseuse, comme posture. Bref : trouver son centre, c’est le travail d’une vie.)"

Fanny Britt

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TÉMOIGNAGE

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Les habitants du Quartier: Articles

TÉMOIGNAGE

Par Thierry Blanc, coordinateur et membre du Quartier des Autrices et des Auteurs.

Après plus de 20 ans passés au sein de Troisième Bureau, comité de lecture des écritures dramatiques contemporaines, et 12 ans au sein du comité de lecture du Tarmac, la scène internationale francophone, dont 5 en tant qu’animateur, la nécessité des comités de lecture n’est pour moi plus à démontrer dans le paysage théâtral français. Indispensables défricheurs, découvreurs subjectifs de textes nouveaux, oubliés ou écartés ailleurs, les comités de lecture sont les rouages vitaux de diffusion des écritures dramatiques.

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Le Comité de lecture du Quartier des Autrices et des Auteurs, composé d’anciens membres du comité de lecture du Tarmac et fort de toute son expérience, a choisi de continuer sa route vers ce qu’on appelle communément les « écritures francophones ». Ce théâtre provenant du Cameroun, du Sénégal, du Togo, du Bénin, du Burkina, des « Congo Â», du Mali, de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, de Suisse, de Belgique, du Luxembourg, du Canada, de Haïti, des Comores, de France (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane, Maurice, Mayotte, Nouvelle-Calédonie), du Gabon, de Djibouti, de Guinée, etc. bouscule la langue de façon passionnante et heureuse.


Mais de façon très personnelle, au sein de ce vaste ensemble foisonnant et riche qui fait les écritures francophones, le voyage littéraire le plus surprenant et déstabilisant a été et est encore celui vers les écritures dites « africaines ». Même si ce vocable réducteur ne veut pas dire grand-chose, convenons en ici. J’y découvre alors tout un « traitement » de la langue dont je n’imagine même pas à l’époque l’existence. Des constructions syntaxiques perturbantes, décalantes, requestionnant non seulement « ma » propre langue, mais aussi jusqu’au regard que je posais sur le monde. J’y découvre un vaste et nouveau champ d’exploration. Dont les premières pistes furent Koffi Kwahulé, Dieudonné Niangouna, Gustave Akakpo, et Sony Labou Tansi arrivant paradoxalement plus tard. Du sublime, du beau, du grand, du moins beau, du pauvre, du sans intérêt aussi comme partout, mais apparait un nouveau champ immense dont l’horizon est infini…

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Et bien évidemment, cet axe-là, celui du lecteur qui découvre des textes, est certes important et moteur. Toutefois, il raconte seulement notre regard, nos appétits et nos soifs, et leurs nécessaires importances de là où nous parlons. Mais il y manque alors le second plan, celui des retours fournis aux auteurs. Le Quartier des Autrices et des Auteurs s’est construit par le passé d’abord et avant tout sur « les retours » faits aux autrices et aux auteurs sur les textes. Ce lien, qui s’est étoffé avec le temps, est devenu de plus en plus dense au fur et à mesure que de nouveaux textes d’un même auteur circulaient entre nous. Et très vite il nous a permis d'assister à l’évolution d’une écriture, d’un style, d’avoir la possibilité d’un échange avec les auteurs et de recevoir souvent plusieurs versions d’un texte.


Plus que jamais nous avons pour guide dans la construction de ce lien, une très grande exigence dans la confection de nos fiches de lectures. Et de même la principale pensée qui nous anime tout au long de la rédaction de ces retours est simple : comment faire parvenir une forme juste de remarques à une autrice ou un auteur pour que cela soit audible par eux.


Tous les comités ne font pas forcément des retours aux auteurs et souvent, même s'ils existent soyons honnêtes, ce sont simplement des retours sommaires. Notre grille de lecture, mise en place par Gustave Akakpo il y a maintenant quelques années et toujours d'actualité, propose plusieurs rubriques: originalité du texte, du propos et des thèmes abordés, style et langue, structure et construction dramaturgique, caractérisations des personnages, situations et enjeux, puis en conclusion un commentaire final avec vote positif ou négatif si le texte est envoyé en sélection finale.


Ces retours faits aux auteurs sont précieux à plus d’un titre. Ils permettent de tisser un lien professionnel avec eux par des améliorations ou propositions d’améliorations, ou encore des pistes ouvrant sur des réflexions dramaturgiques, et ils peuvent devenir une aide précieuse même pour des auteurs confirmés. Ils sont une aussi une reconnaissance pour les auteurs bien souvent seuls face à leur travail, ou la plupart du temps seuls là d’où ils écrivent.


Et s’il est vrai que quelques théâtres ont aujourd’hui des comités défrichant pour les metteurs en scène ou les comédiens des textes à produire, nous savons tous qu’avant la production il y a l’écriture. À peaufiner, à retravailler. Et ce, pour permettre aux textes de trouver plus sûrement le chemin des plateaux un jour. Nous souhaitons que notre comité continue grâce à ces retours contribue à ce peaufinage, à cet accompagnement. De même, les mises en lecture publique que nous proposons à nos lauréats, ainsi que de possibles éditions, contribuent à ce chemin des possibles vers les plateaux.


Et à l’heure de tous les replis, des conforts rassurants et des murs pétrifiants et asséchant qui nous guettent tous pays confondus, ces ponts entre nos « ici » réciproques sont définitivement salutaires et parfaitement indispensables.

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